De multiple scénarii élaborés en vue du zonage futur de l’espace marin et côtier.
Plus d’une soixantaine d’experts environnementaux ont, six jours durant, mené des réflexions lors de l’atelier de consultation intersectorielle des parties prenantes sur la cartographie des usages et sur l’élaboration des différents scénarii d’utilisation de l’espace marin et côtier de Grand-Bassam. Cet atelier, présidé par M. François Kouablan, Directeur de cabinet représentant le ministre de l’environnement et du développement durable, M. Jean-Luc Assi, s’est tenu du 31 Mai au 5 juin 2021 à Grand-Bassam.
À l’ouverture de l’atelier, M. Kouablan a rappelé l’importance du projet GIAMAA pour la Côte d’Ivoire. « La nécessité de disposer d’un plan d’aménagement de l’espace marin et côtier de la Côte d‘Ivoire est plus qu’urgent », a-t-il souligné. Du côté de la Convention d’Abidjan, l’optimisme est de mise quant à la nouvelle image que les experts vont donner au littoral ivoirien. « Vous allez ainsi vous atteler, au cours de ces journées, à dessiner un futur positif, riche et durable pour notre littoral », a affirmé Dr. Jacques Abe, qui représentait le secrétaire exécutif de la Convention d’Abidjan, M. Abou Bamba.
Le CIAPOL, structure technique nationale chargée de la mise en œuvre du projet ne peut que se réjouir de cette initiative prometteuse. « Je suis convaincu que notre implication, en tant que gestionnaire et utilisateur de l’espace marin, dans la mise en place d’outils de développement des aires marines protégées en Côte d’Ivoire, permettra de débloquer leur potentiel économique pour le bien-être des générations présentes et futures », dixit le Directeur Général du CIAPOL, M. Niagne Martin Dibi.
M. Guy Daniel Ouegnin, Conseiller Municipal Représentant du Maire, a quant à lui salué et remercié la présence de tous les officiels, les parties prenantes et les partenaires nationaux et internationaux. Pour lui, l’intensité des activités anthropiques n’est pas sans impacts négatifs sur le milieu marin et côtier de Grand-Bassam. C’est pourquoi il s’est réjoui du choix porté sur la première capitale de la Côte d’Ivoire, ville pilote pour Planification Spatiale Marine (PSM), qui constitue un outil de gestion de l’espace marin et côtier.
Durant l’atelier, plusieurs communications et travaux de groupe ont permis l’élaboration et la validation de cartes des usages futurs, de même que les scénarii d’évolution de l’espace marin et côtier de Grand-Bassam. Dans ce but, plusieurs visites de terrain ont été effectuées au cours de l’atelier. Sous la supervision de Mme. Dyenaba Seck et de Professeur Jacques-André Ndione du Centre de suivi écologique de Dakar, des recommandations ont été formulées. Il s’agit entre autres d’analyser les différentes propositions de prêts financiers afin de profiter des meilleures opportunités ; de mettre en application les textes relatifs à la nomination des Préfets maritimes ; de prévoir de nouvelles aires marines protégées (AMP) ; de mettre en avant les institutions et non les projets – car ces derniers sont limités dans le temps ; de rechercher des fonds pour financer l’Agence nationale de gestion intégrée du littoral (ANAGIL) et de formuler une bonne stratégie pour que l’Agence soit la plus durable possible dans le temps ; d’intégrer le Ministère du Plan et du Développement au Comité National de Pilotage ; d’initier le dialogue entre le secteur privé et public à travers l’ANAGIL ; et enfin de s’assurer que les projets nécessitant la réalisation d’une enquête publique aient fait l’objet d’une large diffusion afin que toutes les parties prenantes soient effectivement impliquées dans ces enquêtes.
Pour Mme. Marguerite Bekoin, coordonnatrice du projet GIAMAA et son équipe, il appartient aux parties prenantes de se fixer une vision sur ce que doit être notre zone côtière et marine d’ici 5 à 10 ans. Car « Si nous ne nous donnons pas une vision futuriste, qui intègre à la fois l’utilisation de l’espace marin et côtier, et la protection de l’état de l’environnement marin et côtier, et que nous continuons d’utiliser ces ressources en rang dispersé, il est clair qu’à un moment donné, nous ne bénéficierons plus des biens et services que ces écosystèmes marins et côtiers nous rendent », a-t-elle prévenu.
Rappelons que l’équipe de coordination du projet a procédé, en mars 2021 déjà, à l’identification des sites et à la mise en place d’une équipe scientifique pluridimensionnelle chargée de conduire le processus. Par la suite, la première consultation intersectorielle pour l’identification de toutes les parties prenantes de l’espace marin et côtier de Grand-Bassam s’est tenue, suivie en juillet 2020 de l’appel à candidature pour le recrutement d’un consultant chargé d’évaluer le cadre juridique et institutionnel de la Côte d’Ivoire en matière de PSM. En septembre 2020, une formation sur l’utilisation du logiciel de cartographie SEASKETCH a été dispensée, suivie en novembre 2020 de l’élaboration et de la validation du plan du rapport sur la PSM, alors que s’est tenu en février 2021 un atelier de renforcement des capacités des parties prenantes sur la PSM, à Bonoua.
Malgré ces avancées notables dans le processus de PSM, force est de reconnaitre que de nombreux défis restent à relever. En témoignent les prochaines étapes, que sont la validation de la proposition de zonage ; l’élaboration et la validation de la cartographie des usages futurs, qui nécessitent une collecte de donnée auprès de toutes les parties prenantes ; l’élaboration et la validation du plan de gestion de l’espace marin et côtier de Grand-Bassam ; ou encore la validation du rapport d’évaluation du cadre juridique et institutionnel national relatif à la PSM.
Rappelons que la PSM est un processus en parfaite cohérence avec le Plan d’Aménagement et de Gestion Intégrée du Littoral (PAGIL) exécuté par le Projet d’Investissement pour la Résilience de la Zone Côtière Ouest-africaine (WACA – ResIP). En effet, ces deux outils complémentaires ont pour objectif de doter les acteurs de l’espace marin et côtier de la Côte d’Ivoire d’un cadre de planification, privilégiant une approche intégrée et inclusive d’utilisation de la zone marine et côtière. L’un (le PAGIL) vise à aménager la zone côtière, et l’autre (la PSM), l’espace maritime, qui sont deux milieux interdépendants. Au terme de l’atelier de Grand-Bassam, des attestations de participations ont été remises à toutes les parties prenantes ayant pris part à cet atelier.
Charles GNAE
Images: projet GIAMAA