La Côte d’Ivoire et le Ghana se réunissent dans le but de créer la première aire marine protégée transfrontalière de la région
Le 30 juillet 2020, les ministres de l’environnement des deux pays se sont réunis en ligne pour approuver les documents préliminaires du projet.
Il est déjà assez compliqué de s’attaquer à des questions aussi complexes que la pollution terrestre, l’extraction minière, la pêche et la gestion intégrée des zones côtières. Imaginez maintenant devoir le faire au-delà des frontières, des juridictions et des barrières linguistiques. C’est la lourde tâche à laquelle se sont attelés les responsables de la Côte d’Ivoire et du Ghana.
Le premier défi pour les deux pays est de réunir les parties autour d’une même table, surtout avec les restrictions de voyage toujours en vigueur en raison de l’épidémie de COVID-19. Cette difficulté a néanmoins été surmontée en organisant une réunion d’une journée entièrement en ligne, avec traduction en direct, dans le cadre du projet MAMI WATA (MW).

Lancé en 2016, l’un des principaux objectifs du projet est de supporter la gestion intégrée des océans au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Ghana. Les pays analysent l’état de leur environnement marin, identifient les zones marines d’importance écologique ou biologique, dans le but de guider la planification spatiale marine, y compris la création de nouvelles aires marines protégées (AMP) le long de la côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest.
Un autre objectif du projet MW est de soutenir des pays voisins pour qu’ils collaborent à la gestion de leur zone côtière commune. L’engagement de la Côte d’Ivoire et du Ghana à créer une AMP transfrontalière entre Assinie (Côte d’Ivoire) et Half Assini (Ghana) constitue un grand pas vers la coopération pour la conservation de la biodiversité entre ces deux pays, et pour la région Ouest Africaine d’une manière plus générale.
En effet, cette zone souffre de pollution, de déforestation des mangroves, de surpêche, ainsi que d’un étalement urbain incontrôlé, qui se produit souvent dans un contexte de conflits d’utilisation des terres et de la mer. En conséquence, les habitats et la biodiversité en général sont endommagés, et les mammifères marins tels que les lamantins, les hippopotames, les dauphins et les baleines sont de plus en plus menacés.
En outre, les stocks de sardinelles situés au large du Cap des Trois Pointes en Côte d’Ivoire migrent vers le Ghana (ainsi que vers le Togo et le Bénin) et sont essentiels pour l’industrie de la pêche des deux pays ; leur gestion durable constitue un élément clé du renforcement de la coopération bilatérale.
La préparation d’un cadre de coopération transfrontalière pour protéger la zone et sa biodiversité a nécessité une série de réunions de travail organisées par le Secrétariat de la Convention d’Abidjan et GRID-Arendal entre octobre 2017 et novembre 2019. Elles ont abouti à la réunion du 30 juillet 2020, au cours de laquelle les ministres de l’environnement des deux pays ont approuvé le processus et donné le feu vert final à la création de l’AMP transfrontalière.
« Je tiens, en tant que responsable des questions liées à la protection de l’environnement marin et côtier en Côte d’Ivoire, à me réjouir et à marquer mon soutien total à cette initiative qui vient corroborer les actions déjà entreprises au niveau national pour renforcer la conservation de la biodiversité marine et côtière » a déclaré le Professeur Joseph Seka Seka, Ministre de l’Environnement et du Développement Durable de Côte d’Ivoire, lors de son discours d’ouverture.
Son homologue ghanéen du Ministère de l’Environnement, des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation, le professeur Kwabena Frimpong Boateng, a déclaré « Nous nous réjouissons de travailler avec la Côte d’Ivoire sur cette initiative, afin de nous assurer que nous atteignons l’ensemble des objectifs visant à établir cette aire marine protégée transfrontalière ».
Louis PILLE-SCHNEIDER
Image d’en tête: Des pêcheurs sortant leur pirogue de l’océan en Côte d’Ivoire près de la frontière ghanéenne (Rob Barnes, GRID-Arendal)