Dans la lignée du Bénin, de la Côte d’Ivoire, et du Ghana, le Togo jette les bases d’une gestion intégrée des océans.
Alors que les trois pays pilotes du projet MAMI WATA (MW – le Bénin, la Côte d’Ivoire, et le Ghana) avancent à grands pas dans la mise en œuvre d’une gestion intégrée des océans (GIO) – ce malgré les restrictions liées à la pandémie de COVID-19, d’autres pays côtiers de la sous-région ouest-Africaine suivent la même voie. La Convention d’Abidjan encourage en effet les autres pays signataires à suivre l’exemple des pays pilotes du projet MW.
C’est le cas du Togo, où dans le cadre du Projet d’Amélioration du Système d’Information Environnementale du Togo (PASIET), s’est déroulé un atelier de formation sur la méthodologie d’élaboration du rapport sur l’état de l’environnement marin (REEM), du 1er au 4 décembre 2020 à Lomé. Le Togo ayant déjà complété en 2020 son rapport sur l’état de l’environnement (REE), cette nouvelle étape se focalise sur l’environnement marin et côtier du pays. Une fois le REEM du Togo finalisé, il est prévu qu’un projet d’AMP transfrontalière avec le Benin voit le jour.
Le REEM est une évaluation environnementale spécifique axée sur un examen périodique de la santé et de l’état d’un certain nombre d’éléments clés composant le milieu marin. Le cadre analytique de rédaction du REEM repose sur la méthode DPSIR – en français FPEIR (Forces – Pressions – État – Impacts – Réponses). Le REEM établi la base scientifique pour la planification de mesures de gestion et de développent de l’espace littoral et marin, et constitue de ce fait un élément clé de la GIO. Dans le cadre d’une gestion adaptative de ces espaces, le REEM doit être élaboré de manière cyclique, afin de faciliter le suivi de l’évaluation des effets produits par les mesures de gestion existantes et d’identifier les nouvelles évolutions socio-écologiques susceptibles de porter préjudice à l’état de l’environnement marin.
L’atelier de Lomé a visé à former le personnel sur les concepts scientifiques du REEM ; sur les différents aspects de la méthode DPSIR pour d’élaboration du REEM ; à simuler la mise en œuvre de la méthode DPSIR pour l’élaboration du REEM ; et à définir le calendrier d’activités pour la réalisation du document. Ont participé à l’atelier, des représentants du gouvernement Togolais, des représentants des institutions étatiques en charge de la gestion de l’environnement, des chercheurs, ainsi que des représentants de la société civile – ONG et médias. Alors que les deux premiers jours de l’atelier étaient dédiés aux travaux théoriques, le troisième jour a été l’occasion pour les participants de mettre la théorie en pratique lors d’une visite de terrain à Aného, avant de revenir sur celle-ci en séances plénières et de conclure l’atelier le dernier jour.

S’exprimant au sujet du REEM, M. Abdel Ganiou Souleymane, Point Focal de la Convention d’Abidjan au Togo, a déclaré, « Le REEM pour nous est une phase de départ. Nous allons maintenant faire une cartographie des différentes actions qui sont menées au niveau du littoral, faire une cartographie des différents problèmes, et une cartographie des acteurs, qui pourrons nous aider dans l’élaboration de la planification spatiale marine ». Avec le REEM, et avec l’identification de zones marines d’importance écologiques ou biologique (ZIEB), la planification spatiale marine (PSM) constitue le troisième outil du cadre de GIO dont le projet MW soutient actuellement la mise en place le long du littoral d’Afrique de l’ouest, dans la région de la Convention d’Abidjan.
Mme. Olanlo Kadjogbe Abra, Gestionnaire de l’Environnement au Haut Conseil pour la Mer, a quant à elle souligné : « Le REEM permettra de travailler avec la population riveraine du littoral, de voir quels sont les problèmes environnementaux auxquels elle fait face, et de pouvoir envisager d’autres orientations prioritaires au niveau du gouvernement. […] La population attend des résultats concrets face à l’érosion côtière, face aux questions de pollution marine, […] de la part du gouvernement et des partenaires techniques et financiers ».
Le Cdt Feyssal G. Noumouni, Coordinateur du projet PASIET a par ailleurs noté que « L’atout d’un tel rapport est de mettre la question environnementale au cœur des priorités du pays. C’est à nous techniciens d’apporter l’information aux politiques, et c’est là l’avantage des différents rapports sur l’état de l’environnement. Ceux-ci apportent de l’information aux décideurs. À eux ensuite de la traduire en politiques concrètes [pour le bénéfice des populations et de la biodiversité dans la zone] ».
Une fois validé, le REEM du Togo fera office de document de référence de l’état de l’environnement marin, et sera circulé parmi les parties prenantes et décideurs impliqués dans la gestion de ce dernier. La prochaine étape clé pour le Togo consistera à procéder au lancement officiel du processus d’élaboration dudit rapport, dès début 2021.
Louis PILLE-SCHNEIDER
Images: Alison Amoussou (Secrétariat de la Convention d’Abidjan)