Le Rapport sur l’État de l’Environnement Marin désormais disponible.
Dans le cadre de la Quinzaine Nationale de l’Environnement et du Développement Durable (QNEDD), le CIAPOL a organisé la cérémonie de lancement officiel du Rapport sur l’État de l’environnement marin de la Côte d’Ivoire (REEM-CI) le mercredi 16 juin 2021 à l’espace CRRAE UMOA Abidjan Plateau. Ce rapport élaboré dans le cadre du projet pilote de la Côte d’Ivoire « Gestion Intégrée de l’Aire Marine et Côtière d’Abidjan à Assinie » (GIAMAA), vise à la conservation des écosystèmes marins et côtiers et de la biodiversité, et à la promotion et à l’utilisation durable des ressources et des services écosystémiques.
Dans son allocution, le Ministre de l’Environnement et du Développement Durable, M. Jean Luc Assi, a expliqué que le rapport sur l’état de l’environnement marin, qui fait l’analyse de la situation et des tendances actuelles, met en évidence que les zones côtières sont soumises à des pressions diversifiées de plus en plus importantes. Ces pressions se traduisent par ailleurs souvent par des conflits entre les différents secteurs d’activités et par des impacts qui génèrent une dégradation de l’environnement et des conditions de vie déjà très difficiles des populations littorales. Dans ce contexte, selon M. le Ministre, le REEM-CI doit non-seulement mener à une prise de conscience, mais également à un changement des pratiques. Poursuivant, M. le Ministre a mentionné que face aux menaces qui pèsent sur l’environnement marin et côtier ivoirien, le rapport propose deux options de gestion. À savoir, l’inaction, qui privilégie que l’on continue sur les tendances actuelles, ou bien le changement, qui appelle une révision du système de gestion dans son ensemble. « Nous sommes tous interpellés à faire en sorte que la zone marine et côtière ivoirienne continue de soutenir le développement du pays tant pour les générations présentes que futures » a-t-il indiqué.
« Le REEM-CI est un outil d’aide à la décision, et également un document au service de la sensibilisation en vue du changement de comportement » a indiqué M. Martin Niagne Dibi, Directeur du CIAPOL. Puis d’ajouter que le REEM-CI a été élaboré en vue d’une évaluation qualitative et quantitative de l’état des écosystèmes marins et côtiers de la Côte d’Ivoire a l’épreuve des actions naturelles et anthropiques. Articulé autour de 8 principaux chapitres, le REEM-CI est un recueil d’information et de données sur la santé du milieu marin et des zones côtières de la Cote d’Ivoire. Il traite des pressions et des impacts des activités anthropiques qui affectent directement la qualité environnementale des zones marines et côtières. Par ailleurs, il examine les impacts potentiels des changements climatiques, dont une des conséquences est l’élévation du niveau de la mer, et fournit également une évaluation qualitative de l’état des habitats côtiers et marins ainsi que des menaces actuelles et risques futurs qui pèsent sur ces milieux.
M. Abou Bamba, Secrétaire Exécutif de la Convention d’Abidjan, a quant à lui fait remarquer que le stock des ressources halieutiques est en danger, avec à la base du problème, la pêche illicite, avec des pertes estimées à 100 000 tonnes en 2018. Par ailleurs, les mangroves sur le littoral sont détruites par les activités d’exploitation, constituant une pression importante sur l’environnement. La superficie du couvert mangrove qui était de 15 000 ha au début des années 1990 autour de la lagune de Fresco, ne couvrait plus que 5 000 ha en 2006. La mangrove autour de la lagune Ebrié a été presque entièrement dévastée. « La menace sur la diversité biologique marine est une réalité dans notre pays ». Le Secrétaire Exécutif de la Convention d’Abidjan explique aussi que la pollution marine et côtière, lorsqu’elle est causée par les déversements d’hydrocarbure et les déchets biologiques, contribue à la disparition de certaines espèces dont les requins, les raies, les lamantins, les tortues marines et certaines espèces d’oiseaux, des stocks de poissons, et des crustacés. Il a aussi rappelé que selon une étude du ministère de l’environnement publiée en 2019, près de 200 000 tonnes de déchets plastiques sont ramassés chaque année sur nos plages et que l’état de salubrité de ces espaces, qui représentent 7% du territoire, constitue un réel danger pour la biodiversité marine et le tourisme, mais également pour la santé des populations ivoiriennes. Pour ainsi dire, les chiffres sont inquiétants et nous devons y prendre garde, a-t-il conclu.
Notons également la présence de M. Benjamin Laag, Premier Secrétaire de l’ambassade d’Allemagne en Côte d’Ivoire, très satisfait du travail abattu au vu la qualité du document produit. M. Laag a réitéré la volonté de l’État Allemand à soutenir les projets environnementaux dans notre pays. Le corps préfectoral a pour l’occasion reçu des mains du Ministre en charge de l’environnement des exemplaires du rapport en vue de vulgariser les résultats qui y sont contenus auprès des populations littorales.
En plus dudit rapport, deux autres documents dont le Résumé à l’attention des Décideurs, et les Réponses aux préoccupations des autorités coutumières, qui donne des pistes de solutions aux populations du littoral, ont été remis aux différentes personnalités présentes. Rappelons aussi que la zone côtière ivoirienne qui s’étend sur 565 km regorge de nombreuses ressources qui, si elles sont sauvegardées et valorisées, pourraient contribuer fortement à la croissance économique du pays. L’économie bleue pourrait faire gagner plus de 3 000 à 6 000 milliards FCFA sur le produit intérieur brut de la Côte d’Ivoire. Un panel sur le thème « Importance de la préservation des écosystèmes côtiers et marins pour le développement socio-économique de la Côte d’Ivoire » a à ce titre mis un terme à cette cérémonie de lancement du REEM – le premier dans l’histoire de la Côte d’Ivoire.
Charles GNAE
Images: projet GIAMAA