La validation du REEM constitue une étape importante vers le renforcement de la gestion intégrée des océans dans le pays et en Afrique de l’Ouest.
Les 6 et 7 août 2020, les parties se sont réunies lors d’un atelier à Cotonou pour examiner et approuver le rapport du Bénin sur l’état de l’environnement marin (REEM) – le premier jamais élaboré dans le pays. Dans le cadre du projet de Gestion Intégrée de la Zone Marine et Côtière (GIZMaC), la production de ce rapport fait suite à celle du rapport descriptif des Zones marines d’Importance Écologique ou Biologique (ZIEB), précédemment approuvé en juin 2019, soumis au Secrétariat de la Convention sur la Diversité Biologique, et actuellement en cours de diffusion auprès des différents acteurs impliqués dans la gestion marine et côtière du pays. L’approbation du REEM du Bénin constitue une étape cruciale sur la voie d’une gestion plus durable de ses ressources côtières, de la création de nouvelles aires marines protégées (AMP) dans le pays, ainsi que vers une meilleure gestion intégrée des océans dans la sous-région ouest-africaine de manière plus générale.
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Après avoir précisé l’objectif du REEM lors de l’introduction de l’atelier, Mme Faustine Sinzogan, coordinatrice du projet GIZMaC, a présenté les différentes étapes qui ont conduit à l’élaboration du-dit rapport, et les rôles respectifs joués par les trois groupes thématiques (écologie et biologie ; pollution et qualité de l’eau ; et paramètres socio-économiques) impliqués dans le processus. Le rapport élaboré a été examiné, amendé et consolidé par un comité scientifique composé de professeurs de l’Université d’Abomey-Calavi et d’experts dans le domaine de la gestion de l’environnement marin et côtier. Il présente l’environnement marin et côtier du Bénin, l’état des ressources, et les différentes pressions qui s’exercent sur ces dernières, notamment la pêche, l’exploitation des mangroves, la pollution, mais également le changement climatique et l’érosion côtière. Le rapport est accompagné de recommandations destinées à guider les autorités compétentes dans la prise des mesures nécessaires pour soutenir le développement durable de la zone côtière béninoise.
La validation de ce rapport est l’occasion de revenir sur sa production avec le Pr. Jacques André Ndione, formateur du PNUE en évaluation intégrée de l’environnement et membre de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal, qui supervise le processus pour les pays francophones du projet pilote MAMI WATA – le Bénin et la Côte d’Ivoire – et qui a facilité l’atelier de renforcement des capacités organisé par le projet GIZMaC à Cotonou en septembre 2019. Cet atelier avait été crucial pour présenter aux parties prenantes le processus d’élaboration du REEM, et les différentes étapes de celui-ci.
“L’environnement côtier et marin est au cœur d’interactions complexes entre une grande diversité d’acteurs et leurs différentes activités.Avec le processus de rapport SoME, nous cherchons donc à évaluer si cet environnement est dégradé ou bien préservé, à décrire les pressions potentielles qu’il subit, mais aussi à rassembler les organismes impliqués dans la gestion et le développement du littoral et du milieu marin, afin de favoriser un développement durable », a expliqué le Pr. Ndione.
La durée idéale du processus d’élaboration du REEM est de 18 mois. Ce délai s’est avéré assez court dans le cas du Bénin, où le processus était mis en œuvre pour la première fois. Cela était dû en particulier au temps nécessaire à l’appropriation du cadre DPSIR (Forces – Pressions – État – Impacts – Réponses) par l’équipe chargée de la production du rapport. Le REEM peut être produit de trois manières différentes : (i) sur la base d’indicateurs environnementaux, (ii) sur la base d’une analyse documentaire, ou (iii) sur la base d’une sollicitation d’experts. En raison des délais serrés, le rapport pour le Bénin a été produit en utilisant une combinaison des deux premières approches. Sur ce point, M. Ndione a regretté le manque de données dans certains cas (par exemple en ce qui concerne les ressources génétiques marines et la bioprospection[1]), soit parce qu’elles n’étaient pas disponibles, soit par manque de temps pour y accéder. Toutefois, cela n’a pas affecté la crédibilité scientifique du rapport, qui a été soumis à un processus d’examen approfondi par les pairs, avant son approbation.
En outre, malgré les importantes contraintes rencontrées à la suite des mesures prises par le gouvernement béninois pour enrayer la propagation de la pandémie de COVID-19 – y compris la distanciation sociale et les restrictions de voyage – qui ont notamment affecté le travail sur le terrain et les réunions, plusieurs points positifs concernant le processus d’élaboration du REEM au Bénin peuvent être soulevés. A cet égard, le Pr. Ndione a d’abord noté l’excellent travail de Mme Sinzogan et de son équipe en termes de coordination et de communication, tant en interne au sein du projet GiZMaC qu’avec les différents groupes d’acteurs impliqués. En outre, l’approche inclusive adoptée par le projet GIZMaC s’est avérée déterminante pour la mobilisation d’un large éventail de groupes d’acteurs, ainsi que pour assurer la représentativité des connaissances et de l’expertise locales.
L’expertise et le dévouement de l’équipe de rédaction ont également été déterminants pour la réussite du processus d’élaboration du REEM. En tant que tel, le Pr. Ndione s’est félicité de la production du rapport par une équipe de rédaction composée dans ce but précis, au lieu de confier cette partie du processus à des consultants externes. La rédaction en interne du rapport a en effet constitué une excellente opportunité pour l’équipe de mettre en pratique la formation reçue en 2019 dans son intégralité, non seulement pour les processus de coordination et de collecte de données, mais aussi pour la partie rédactionnelle. Le Pr. Ndione a enfin souligné le rôle important du Secrétariat de la Convention d’Abidjan et de GRID-Arendal dans la coordination du processus global aux niveaux régional et international.
Dans les prochains mois, le REEM et ses produits connexes (résumé destiné aux décideurs, vidéo, etc.), seront diffusés auprès des acteurs concernés au Bénin. Parmi les autres activités et produits qui seront réalisés dans le cadre du projet GIZMaC, citons la validation du texte juridique établissant officiellement la nouvelle AMP près de Donaten – l’une des deux ZIEB décrites au Bénin – et la validation de son plan de gestion, ainsi que l’organisation d’un atelier national sur la mise en œuvre de la planification spatiale marine au Bénin – dont la date sera communiquée dans le courant du mois de septembre.
[1] Au cours des dernières décennies, une attention croissante a été accordée au potentiel commercial de l’exploitation des ressources génétiques marines et des produits naturels associés pour toute une série d’industries, notamment les produits pharmaceutiques, l’alimentation et les boissons, les cosmétiques, l’agriculture et la biotechnologie industrielle (Global Ocean Commission 2013 ; UNEP-Nairobi Convention and WIOMSA, 2015).
Louis PILLE-SCHNEIDER
Image: GIZMaC project